Pierre Klossowski (1905-2001), est né à
L'enfance et l'adolescence des deux frères se passent dans un milieu d'artistes et d'écrivains. Dans leur entourage immédiat, les rapports d'intimité avec Rilke ainsi qu'avec Gide deviennent déterminants pour les orientations respectives des deux garçons : notamment pour Pierre l'amitié de Gide qui le prendra en tutelle, de temps de lui faire poursuivre ses études secondaires à Janson-de-Sailly.
Le contact quotidien avec l'auteur de l'Immoraliste fera surgir en Pierre Klossowski un ensemble de dilemmes moraux qui l'absorberont durant de longues années avant de pouvoir être résolus dans la création d'une œuvre.
En 1928, il collabore avec Pierre Jean Jouve à la traduction des Poèmes de la folie de Hölderlin.
À partir de 1935, après avoir fréquenté les milieux de la Société de psychanalyse parisienne, dont la revue a publié son premier texte sur Sade, il rencontre Georges Bataille avec lequel il se lie d'une amitié profonde qui durera par-delà les événements jusqu'à la mort de ce dernier. C'est à l'instigation de Bataille que Klossowski prendra contact avec Breton et Maurice Heine, dans le groupe de Contre-Attaque, et que, plus tard, il participera à la revue Acéphale et se liera avec André Masson.
Durant l'Occupation, il entreprend des études de scolastique et de théologie à la faculté dominicaine de Saint-Maximin, puis à Lyon au séminaire de Fourvière, et enfin à Paris, à l'Institut catholique. Il se trouve en contact avec des réseaux de la Résistance. Au lendemain de la Libération, il collabore à la revue œcuménique Dieu vivant. Mais, revenu à la vie laïque, il se marie en 1947, et publie un ouvrage retentissant : Sade mon prochain.
En 1950, son premier roman, La Vocation suspendue, est une des transpositions des vicissitudes de sa crise religieuse. Mais le plus important de son œuvre romanesque est contenu d'une part dans la trilogie des Lois de l'hospitalité (réunissant La Révocation de l'Édit de Nantes, 1959, Roberte, ce soir, 1954, et Le Souffleur, 1960) et d'autre part dans Le Baphomet, 1965 (prix des Critiques).
Pierre Klossowski s'est par ailleurs exprimé dans les essais Le Bain de Diane (1957), Un si funeste désir (1963) et principalement dans un ouvrage exégétique : Nietzsche et le cercle vicieux (1969).
En outre, au cinéma, il a collaboré au film de Pierre Zucca, Roberte, ce soir, et à ceux de Raul Ruiz, L'Hypothèse du tableau volé et La Vocation suspendue.
Cependant, depuis une vingtaine d'années, il se consacre presque exclusivement à la peinture. Des expositions en France et à l'étranger montrent que sa réputation, dans ce domaine, n'a fait que grandir.
Michel Foucault et Maurice Blanchot abordent différentes facettes de l'œuvre de Pierre Klossowski :
« D'ordinaire, quand un auteur parle de lui-même comme auteur, c'est selon l'aveu du "journal" qui dit la vérité quotidienne — cette impure vérité dans un langage dépouillé et pur. Klossowski invente, dans cette reprise de son propre langage, dans ce recul qui ne penche vers aucune intimité, un espace de simulacre qui est sans doute le lieu contemporain, mais encore caché, de la littérature. Klossowski écrit une œuvre [Le Bain de Diane], une de ces rares œuvres qui découvrent : on y aperçoit que l'être de la littérature ne concerne ni les hommes ni les signes, mais cet espace du double, ce creux du simulacre où le christianisme s'est enchanté de son Démon, et où les Grecs ont redouté la présence scintillante des dieux avec leurs flèches. Distance et proximité du Même où nous autres, maintenant, nous rencontrons notre seul langage. »
Michel Foucault
Extrait de « La Prose d'Actéon », article de Michel Foucault paru dans La NRF en mars 1964, n° 135, pp.444-159.
« Il s'agit d'une œuvre principalement littéraire, même si sa richesse et son étrangeté donnent le droit de reconnaître en elle la proposition d'une nouvelle gnose. Œuvre littéraire, elle apporte à la littérature ce qui, depuis Lautréamont et peut-être depuis toujours, lui manque : je le nommerai l'hilarité du sérieux, un humour qui va beaucoup plus loin que les promesses de ce mot, une force qui n'est pas seulement parodique ou de dérision, mais qui appelle l'éclat du rire et désigne dans le rire le but ou le sens ultime d'une théologie. [...]
Les livres de Pierre Klossowski sont des récits, même quand ils commentent des mythes, comme dans ce profond livre intitulé Le Bain de Diane. Récits, ils racontent, décrivent, énoncent, intriguent. Certains les appelleront théologiques, d'autres érotiques, d'autres psychanalytiques. Je crois qu'il ne faut pas tenir grand compte de tels qualificatifs. Je suis plutôt frappé par un trait d'originalité qui se manifeste dans l'invention d'une forme nouvelle, à la vérité destinée à rester unique. »
Maurice Blanchot
Extrait de L'Amitié, Gallimard, 1971, pp.192-207.
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